« Je suis né le 31 janvier 1979. Un mercredi. Je le sais parce que dans mon esprit, le 31 janvier 1979 est bleu. »
Daniel Tammet est un autiste savant aux capacités hors du commun, un génie des nombres. Il a ainsi mémorisé les 22 514 premières décimales de pi, parle sept langues et a appris l'islandais en quatre jours. Pour lui, les nombres sont des formes et des couleurs.
Dans ce témoignage plein d'espoir, il explique comment il a mis toute son énergie pour sortir de ces ténèbres qui l'ont longtemps coupé du monde et comment il a réussi à se socialiser.
Un voyage en couleur qui entrouvre la prison de l'autisme.
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Commentaire :
Ce témoignage de Daniel Tammet a été tout à fait à la hauteur de mes attentes. Je me rappelle le jour où j'ai découvert l'existence de ce savant autiste. J'ai tout de suite été fascinée par le caractère extraordinaire de son cerveau. J'ai regardé ses vidéos sur You Tube à de nombreuses reprises.
Il est tout à fait incroyable qu'un homme avec le syndrome d'Asperger soit capable de trouver les mots précis pour expliquer ce qui se passe sa tête. C'est pourtant ce qu'il fait, et ce, d'un façon tellement vulgarisée qu'on a l'impression de réellement comprendre ce qui se passe dans sa tête. Bien entendu, ce n'est pas le cas, car l'autisme est quelque chose que nous ne pourrons sans doute jamais comprendre totalement.
À tout le moins, le livre de Tammet nous permet de comprendre en quoi il est différent. C'est fascinant, étonnant et mystérieux.
Les émotions aussi sont difficiles à saisir pour quelqu'un qui souffre d'un trouble envahissant du développement. Pourtant, ce témoignage regorge d'émotions et de sensibilité. Je crois que, plus encore que les exploits que l'on vante tant chez cet homme, c'est sa capacité de transmettre son vécu intérieur qui est épatant.
Ne passez donc pas à côté de cette lecture, svp !
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Quelques extraits:
« Aujourd'hui, au moment d'écrire sur mon enfance, je suis frappé par tout ce que mes parents ont fait alors que je ne leur donnais pas grand-chose en retour. Les écouter me raconter mon enfance a été une expérience magique pour moi, qui m'a fait comprendre, rétrospectivement, l'importance du rôle qu'ils ont joué dans la constitution de la personne que je suis devenue. En proie à tous les problèmes que je leur posais, mes pleurs, mes colères, ils m'ont aimé sans conditions, se sacrifiant pour m'aider - petit à petit, jour après jour. Ils sont mes héros. »
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« Je me souviens: je suis debout, tout seul, à l'ombre des arbres qui entourent la cour d'école, regardant les autres enfants qui courent, qui crient, et qui jouent. J'ai dix ans et je sais que je suis différent d'eux, d'une manière que je ne peux exprimer ni comprendre. Les enfants sont bruyants et bougent rapidement, se heurtent et se poussent. Je suis constamment effrayé d'être touché par l'une des balles qui sont fréquemment lancées dans les airs, et c'est l'une des raisons pour laquelle je préfère rester debout dans un coin de la cour, assez loin de mes camarades de classe. Je n'y manque jamais, je le fais à chaque récréation au point que c'est vite devenu une plaisanterie récurrente et qu'il est de notoriété publique que Daniel parle aux arbres et qu'il est bizarre. »
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« Je n'étais jamais volontairement impoli. Je ne comprenais pas que le but de la conversation n'est pas de parler uniquement des choses qui nous intéressent. Je parlais avec force détails jusqu'à être vidé de tout ce que j'avais à dire. Je sentais que j'aurais pu éclater si quelqu'un m'avait interrompu. Il ne m'apparut jamais que le sujet dont je parlais puisse ne pas être intéressant pour mon interlocuteur. Je n'ai jamais non plus remarqué s'il commençait à s'impatienter ou à jeter des regards autour de lui. Je continuais à parler jusqu'à ce que l'on me dise quelque chose du genre : « Il faut que j'y aille, maintenant. » »
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« Je me représentais l'amitié comme un papillon, à la fois beau et fragile, qui s'envolait dans les airs et que toute tentative d'attraper revenait à détruire. »